En 2011, une coalition de droite formant le gouvernement des Pays-Bas annonçait des coupes drastiques dans le soutien public aux arts. Ce soutien avait été jusque-là l’un des plus généreux au monde. Désormais, il privilégierait plutôt les «gagnants», les grandes institutions touristiques et la loi du marché.

Notre intérêt pour l’effondrement du soutien public aux arts aux Pays-Bas n’est pas fortuit. Les modèles néerlandais et canadiens ont évolués en parallèle, avec leurs conseils des arts et un interventionnisme visant à pallier à la faiblesse d’un marché de l’art national. Le Canada et le Québec ont jusqu’à présent su préserver des budgets substantiels pour le soutien aux arts; cependant, ces budgets sont conditionnels à toutes sortes d’exigences qui orientent les pratiques artistiques à des fins politiques et économiques. Déjà, le gouvernement québécois a commencé à sabrer dans le budget du Conseil des arts et des lettres. Sommes-nous vraiment à l’abri de la catastrophe néerlandaise?

En 2014, nous nous sommes rendus aux Pays-Bas pour y réaliser une série d’entrevues filmées avec des artistes et travailleurs culturels sur les circonstances et les effets des coupes : les raisons qui ont empêché le milieu artistique de contrer − ou même simplement de limiter − les coupes, les conséquences de cet échec, mais aussi les différentes initiatives politiques et artistiques nées de ces bouleversements.

À l’hiver 2015, nous présentions nos recherches à la galerie articule (Montréal) sous forme d’exposition. Évolutive, celle-ci se voulait une plateforme de discussion sur l’état du milieu des arts au Canada à partir du cas néerlandais. Projections de films documentaires, entrevues et discussions publiques sont venues ponctuer l’exposition, qui s’est achevée avec le lancement d’une publication (Le Merle) et la projection du film réalisé à partir des entrevues. À travers ces documents, c’est aussi toute la question du rapport des artistes au politique, à la liberté et au modèle entrepreneurial qui est abordée.