T01 — Il est temps de se réapproprier la valeur 1. Nombreux sont ceux pour qui la valeur renvoie depuis longtemps déjà à un concept si profondément compromis, si imprégné de contraintes normatives et entaché de complicité avec le pouvoir capitaliste qu’il ne peut être sauvé. Une telle position a tout juste permis d’abandonner la valeur aux champions de la normativité et aux chantres de l’oppression économique. La valeur est trop précieuse pour qu’on la laisse entre de pareilles mains.
(…)
T5 — La première tâche de la réévaluation de la valeur est de dissocier la valeur de la quantification. La valeur doit être reconnue pour ce qu’elle est : irréductiblement qualitative.
T6 — La réévaluation de la valeur en tant qu’elle est irréductiblement qualitative doit être fondamentalement de ce monde. Faire appel à des valeurs transcendantes, présentées comme des qualités morales, ne fait qu’ériger les contraintes de la normativité en absolu.
T7 — La réévaluation de la valeur est par définition éthique. C’est la raison pour laquelle elle ne peut être morale.
T8 — Dissocier la valeur de la quantification revient à affronter de front la logique économique du marché. La valeur est trop précieuse pour être abandonnée au capital.
(…)
T14 — L’excès appartient à la définition même du capital, dans sa distinction d’avec l’argent, dans sa définition traditionnelle en tant qu’unité de mesure, moyen d’échange et réserve de valeur – c’est-à-dire en tant que monnaie-paiement –, touchant plutôt à son rôle en tant que monnaie-financement.
Scholie.
Le capital se définit comme le potentiel de faire dériver, à partir d’une quantité d’argent présente, une quantité d’argent plus importante à l’avenir. Le capital n’est pas le profit. Le profit est la quantité plus importante d’argent dérivée. Le capital est le potentiel de dériver cette quantité. Ce potentiel est le véritable moteur du système économique. Il remue, encore émergent, dans le dehors processuel et immanent du système.
T15 — L’économie capitaliste se rapporte plus fondamentalement au potentiel qu’à des quantités en tant que telles.
Scholie.
Le potentiel est un concept qualitatif, car il connote l’idée de transformation. Le capital, en tant que mouvement de potentiel, est la qualité de l’argent comme force transformatrice, ou force motrice du devenir du système. La transformation ne vaut économiquement qu’en tant qu’elle est enregistrée par des statistiques. Les chiffres sont les signes quantitatifs de changements qualitatifs (les changements de productivité, les changements dans les pratiques de travail et de gestion associés à une hausse de la productivité, les changements de vie associés aux changements dans les pratiques de travail et de gestion, l’accumulation croissante de richesses ainsi que l’augmentation des inégalités sociales, les bouleversements et perspectives engendré par l’innovation, les transformations culturelles attenantes, l’apparition de nouveaux désirs qui accompagnent ces transformations, les nouvelles dispositions qui matérialisent ces désirs, leur contingent d’idiosyncrasies, lesquelles deviennent parfois virales…). Ce que les indices économiques indiquent sont des changements de vie. Ce sont des signes vitaux déguisés. Marx décrit le capital en termes de «métabolisme social» ou de «métamorphose». Les changements indiqués par les signes vitaux débordent la sphère strictement économique. Le potentiel de l’économie est en dernière instance un potentiel de vie. La question de la valeur est une question vitale. La main invisible du capital tâte le pouls de la vie.
T16 — La question de l’excès revient, en lien avec la définition du capital et son rapport au potentiel, dans la question de la plus-value.
Scholie.
La plus-value est un autre terme pour désigner le capital comme qualité de l’argent. La «plus»-value désigne le capital comme le potentiel répété de faire dériver à l’avenir un excès par rapport à une quantité présente. C’est cela – et non l’égalité de l’échange ni la juste valeur de l’argent – qui meut l’économie.
T17 — La plus-value est première par rapport à la valeur, comprise selon la définition traditionnelle de l’argent en tant que monnaie-paiement et pour autant qu’elle se réfère à des quantités mesurables.
Scholie a.
La plus-value est une forme de rotation, ou de turnover. C’est le résidu de potentiel qui meut le processus économique. Le profit est la récolte numérique ponctuelle déduite du processus de la plus-value qui meut continuellement l’économie à travers des points de prise de bénéfices. Lorsque des bénéfices sont réalisés et investis, ils sont réinjectés dans l’alimentation de l’économie par la plus-value. La plus-value et le profit s’entraînent dans une rotation laissant toujours un reste : un excès de plus-value non absorbée, destinée à engendrer à l’avenir un profit encore plus grand. La plus-value est le plus-que-jamais-et-encore du profit.
Lemma a.
La plus-value est immesurable.
Scholie b.
En soi, la plus-value ne peut être mesurée 2. Cela tient à ce que, étant toujours par nature en excès de toute somme de profit donnée, elle est surnuméraire (non pas au sens d’un dépassement en nombre, mais au sens où elle est au-delà du nombre).
Scholie c.
Le système capitaliste se caractérisé par son appétit insatiable pour la croissance. La croissance est le désir processuel du capitalisme : sa tendance constitutive (ce que Nietzsche appellerait sa volonté de puissance). L’appétit de la plus-value pour l’excès confère à l’économie capitaliste sa qualité dynamique de toujours-plus, une fois pour encore-une-autre, dans une rotation permanente. Le moteur de la plus-value est au cœur du système capitaliste, dont il dilate les veines. C’est la diastole extensive de la contraction systolique du profit. Plus que la qualité de l’argent – ainsi qu’elle apparaît depuis l’intérieur du système –, la plus-value est la qualité processuelle du système capitaliste. Elle est ce qui confère à ses quantifications leur qualité dynamique. Elle constitue la subjectivité processuelle du système capitaliste, absorbé dans l’engendrement des objectivations numériques qui alimentent ses opérations formelles. C’est la manière du capitalisme de puiser dans le champ étendu de son dehors immanent (diastole), pour contracter aussitôt les mouvements de potentiel qu’il y découvre dans le flux de profitabilité de son système (systole).
Lemme b.
Plus précisément, la force motrice du capitalisme est le différentiel entre plus-value et profit : leur asymétrie systémique/processuelle et systolique/diastolique.
T18 — La définition du capital, essentiellement tournée vers l’avenir (le potentiel d’engendrer une quantité d’argent plus importante à l’avenir), signifie que le capitalisme est fondamentalement spéculatif.
T19 — Le caractère spéculatif du capital en fait une formation de pouvoir de plein droit.
Scholie.
Le capital est une fonction temporelle. L’élément temporel est fondamentalement non chronologique puisqu’il touche au potentiel, lequel n’est rien d’autre que la futurité dans le présent. Ce n’est qu’en second lieu qu’il concerne la mesure du temps. Il concerne en premier lieu le temps comme intervalle qualitatif amorçant l’actualisation du potentiel. La spéculation n’est pas une perversion de l’économie capitaliste. Elle relève de son essence. Elle est sa fonction de pouvoir. Le capital est le levier économique du temps du potentiel. En tant que tel, il capture le futur de la vitalité : le «en-train-de-se-faire» qualitatif de la vie. Il capture le potentiel. À ce titre, le capital opère directement comme un mécanisme de pouvoir. Son fonctionnement économique ne peut être séparé de sa fonction de pouvoir. Dire que le capitalisme est un pouvoir sur la vie est insuffisant. C’est une capture de la vie «en train de se faire», une capture de son devenir (c’est un «ontopouvoir»). Le capitalisme économise la vie, et c’est cette économisation qui en fait directement une formation de pouvoir.
Lemme.
Les formations de pouvoir sont des appareils de capture.
T20 — Le fait que l’excès soit le moteur du capitalisme dément l’idée commune selon laquelle le prix est le reflet de la rareté.
Scholie.
Les marchés financiers sont le lieu où l’argent fonctionne le plus intensément comme capital dans sa qualité de plus-value. Il est évident que, sur les marchés financiers, le caractère opératoire de l’excès repose non pas sur la rareté mais sur l’abondance processuelle: la capacité à proliférer et se multiplier à l’infini (notamment au moyen d’instruments financiers abstraits tels que les produits dérivés). L’idée opératoire n’est pas «comment faire avec moins», mais comment faire «toujours plus» à partir de moins. L’expression la plus directe de cet appétit pour la plus-value se trouve dans les machinations spéculatives des marchés financiers, où la navigation des flux de la plus-value est plus valorisée (et même à l’excès) que n’importe quelle prise ponctuelle de profit. Les bénéfices sont emportés par la marée du mouvement spéculatif perpétuel : des données ponctuelles sur la plage cyclique de la richesse, sitôt déposées et à nouveau balayées par le flux.
T21 — Les marchés financiers offrent un meilleur point de départ pour une pensée alter-économique post-capitaliste que l’argent dans son rôle traditionnel de monnaie-paiement.
Scholie.
Comme il a été dit, le fonctionnement de l’économie capitaliste ne peut s’expliquer par la seule référence au fonctionnement classique de l’argent comme monnaie-paiement, défini par l’égalité de l’échange. C’est dans la sphère spéculative des marchés financiers que le moteur processuel de l’économie capitaliste montre sa vraie qualité processuelle (sa poursuite à terme intenable d’une croissance éternelle alimentée par la plus-value). Les alternatives post-capitalistes doivent, pour mériter ce titre, transcender la définition classique de l’argent et les concepts d’échange marchand qu’elle sous-tend, si elles ne veulent pas courir le risque d’être d’entrée de jeu distancées par le capital. Elles doivent engendrer des concepts plus proches de la plus-value que de l’argent dans sa définition ternaire. En un sens, elles doivent être plus fidèles au véritable fonctionnement du processus capitaliste que ne l’est l’idéologie de marché – pour mieux en retourner la dynamique (comme lorsqu’il est dit dans les films de zombies que les cadavres «tournent», sauf qu’il s’agit ici de l’inverse : une revitalisation). Le retournement de la rotation de la plus-value capitaliste exige l’alter-évaluation du processus automoteur. Il exige l’affirmation d’une qualité dynamique de processus analogue, mais qui ne se prête pas à la quantification de l’irréductiblement qualitatif qui alimente l’économisation de la vie.
Lemme.
Occupez la plus-value.
T22 — Un terme pour désigner l’alter-valeur susceptible de promouvoir un processus post-capitaliste est celui de créativité.
Scholie.
Le terme de «créativité» est choisi en sachant parfaitement que le capitalisme néolibéral se l’est approprié. Les mots d’ordre d’«innovation» et de «capital créatif» annoncent clairement cette appropriation. La plus-value est le moteur du mouvement créateur du système capitaliste. Pourtant, là où la qualité de la créativité du capital se manifeste le mieux est dans une expression voisine, dans laquelle s’exprime la violence inhérente à l’économisation capitaliste de la vie « en train de se faire» : «la destruction créatrice». Mais qu’en est-il de la vie en-train-de-se-faire considérée en tant que telle, dans une appréhension vitale plutôt qu’économique ? Qu’en est-il du mouvement créateur de la vie dans son exploration complexe de son champ d’émergence, ce dehors immanent du système capitaliste dont les différentiels qualitatifs deviennent l’objet d’un processus d’extraction de données (data-mining) au profit des fins propres du capitalisme ? Le processus vital est lui aussi son propre moteur. Lui aussi s’auto-répète, se retournant sur lui-même à travers ses expressions ponctuelles pour continuer à gagner du terrain. Lui aussi carbure à l’excès, se projetant en avant de manière sérielle.
Lemme a.
Autrement dit, il existe une plus-value qualitative de vie qui fournit au capitalisme le carburant nécessaire à ses quantifications.
Lemme b.
L’économisation est la conversion d’un type de plus-value (la plus-value de vie) en un autre (la plus-value capitaliste).
Lemme c.
La plus-value qualitative de vie est le donné processuel du système capitaliste. Si elle peut être donnée au système, elle peut peut-être également lui être ôtée. En dehors même de la question de son retrait hors de la quantification, on pourrait la rejoindre en amont de sa conversion capitaliste. On pourrait alors, avant même le dépassement du capitalisme, avoir un pied dans chaque camp, dans une préfiguration de son au-delà.
(…)
T85 — On peut envisager que la puissance du devenir (l’ontopouvoir) puisse être mobilisée de sorte à permettre une alter-économisation qui ne subsume pas la plus-value de la vie sous la plus-value capitaliste.
Scholie a.
Si l’on y parvenait, l’économisation serait au service de puissances de devenir pro-motrices de vie, plutôt que ces puissances de devenir pro-motrices de vie ne soient au service de l’accumulation.
Lemme.
Cela ferait de l’alter-économisation un contre-ontopouvoir.
(…)
T86 — Dans une alter-économie contre-puissante, la plus-value de la vie garderait sa valeur pour elle-même. La valeur serait réévaluée par la contre-subsumation des systèmes de quantification sous des qualités de vie, celles-ci étant affirmées pour leur pure qualité expérientielle et pour le rôle constitutif qu’elles jouent dans l’auto-motricité du mouvement créateur de la vie.
Scholie.
Cela reviendrait à tirer profit de la primauté du qualitatif sur le quantitatif, le soustrayant à ses captures systématiques. C’est le sens même de la réévaluation des valeurs.
T87 — Un tel stratagème constituerait un moteur de processus créatif capable en théorie d’être autosuffisant sur le plan économique.
T88 — Afin de pleinement profiter des potentiels dont regorge le monde numérique contemporain, ce moteur de processus créatif devrait inclure un nouveau type de plateforme numérique.
Lemme.
De nouveaux systèmes développés à partir du blockchain, au-delà du Bitcoin et d’Ethereum, pourraient offrir un environnement numérique propice.
T89 — La conception de la plateforme devrait permettre de contrer certaines tendances régressives, d’esprit anarcho-libertaire, incorporées au concept original du blockchain.
Scholie.
Le blockchain renferme un certain fondamentalisme de marché libertaire. Il présuppose non seulement la définition ternaire conventionnelle de l’argent, négligeant par là l’aspect spéculatif des crypto-monnaies, mais aussi la présence de l’activité économique sous la forme d’unités d’action discrètes. Chaque unité est une transaction entre deux individus. Chaque individu s’engage dans la transaction selon le calcul qu’il fait de son propre intérêt. Libérer le marché du contrôle des banques et des gouvernements nationaux revient alors peu ou prou à libérer l’intérêt personnel. Le blockchain est un condensé technique de l’idéologie de l’intérêt individuel, l’une des tendances constitutives majeures du capitalisme. Elle s’empare de l’idéologie de marché de base du capitalisme et tente de la purifier afin d’objectiver cette purification dans un système technique. Elle renforce radicalement le concept du marché au cœur du capitalisme, ainsi que le modèle transactionnel de l’échange, si central au concept de marché.
Lemme.
L’anarcho-libertarianisme est un anarcho-capitalisme.
T90 — Les plateformes de prochaine génération inspirées du blockchain utilisent des contrats intelligents (smart contracts) pour étendre le concept de transaction et ce faisant contrer le libertarianisme incorporé au blockchain.
Scholie a.
On en trouve un exemple dans les deux plateformes crypto-financières «Gravity» et «Space» en cours d’élaboration par l’Economic Space Agency 3. L’idée est qu’au lieu de réaliser une chaîne de blocs à partir d’échanges transactionnels simples, les transactions seraient programmables et donc personnalisables à l’infini, et susceptibles de s’étendre à tout ce qui peut être entendu comme un contrat. Le terme de «contrat» est employé dans sa définition la plus large et la plus élémentaire, c’est-à-dire comme un engagement conditionnel dans lequel une action (ou un ensemble d’actions) appelle une autre action en retour, que ce soit immédiatement ou dans un intervalle de temps donné. Cela n’implique pas forcément un échange en soi, c’est-à-dire l’usage d’une monnaie comme moyen d’échange et équivalent général. N’importe quelle proposition de «si… alors…» selon une structure d’appel et de réponse entre actions peut être programmée. Les actions n’ont pas non plus besoin d’être individuelles. Un contrat intelligent pourrait ainsi déterminer un ensemble d’actions nécessaires au passage d’un projet collectif vers une nouvelle étape, de même que ce qu’il se passe lorsque ces conditions sont réunies. (…) On pourrait utiliser les contrats intelligents pour décentraliser les processus décisionnels. La logistique, la collaboration créative et la gouvernance seraient alors entrelacées au travers d’une plateforme unique dont le fonctionnement serait autonome et décentralisé, s’affranchissant ainsi du besoin d’une hiérarchie exécutive dominant le processus et surplombant ses participants. On créerait de la sorte un commun de l’activité productrice qui proposerait une éthique de collaboration collective et une certaine exemplification de la démocratie directe. Le système est dans son ensemble conçu pour être personnalisable jusqu’au dernier degré, de sorte qu’un projet, à l’inverse de Bitcoin et Ethereum, puisse programmer un domaine d’opérations réservé qui matérialise ses orientations et priorités propres, tout en demeurant interopérable avec son environnement crypto-monétaire général.
(…)
T95 — La question clé est la suivante : Comment un moteur de processus créatif qui demeure fidèle à sa mission de production de plus-value de vie pour elle-même peut-il en même temps prendre la forme d’un processus d’économisation capable de communiquer avec l’économie dominante de façon autosuffisante? Ce type de complicité serait temporairement nécessaire, le temps que les pores post-capitalistes de la société actuelle se dilatent et se fondent en un alter-monde qui leur soit propre. La seule manière d’y parvenir, si cette analyse s’avère valable, serait d’exploiter la dualité de la grandeur intensive.
(…)
Scholie.
Le terme de grandeur intensive souligne le fait que chaque événement comprend un aspect quantitatif (qui s’exprime dans la dimension extensive de l’espace) et une dimension qualitative (qui s’exprime dans la dimension esthétique d’une différence de degré purement qualitative). L’intensité affective de cette dimension qualitative ne fait qu’un avec le potentiel senti et cette relation est essentielle à la réévaluation des valeurs. Car il existe toujours un excès qualitatif sur toute capture donnée : un surplus d’affect qui est projeté en avant en tant que plus-value de vie, nourrissant le processus vital. C’est par cette plus-value qu’une alter-économie post-capitaliste doit être alimentée.
(…)
T97 — La folie qu’il y a à fonder une économie réelle sur des intensités affectives n’est pas entièrement sans précédent (et n’est peut-être pas si folle que ça).
Scholie.
Les marchés financiers dérivés, qui se sont emparés de la fonction de pilotage au sein de l’économie capitaliste, sont davantage alimentés par l’affect que par des «fondamentaux» économiques sous-jacents. En un sens, les stratégies alter-économiques ici défendues prennent les secteurs les plus avancés de l’économie capitaliste néolibérale non pas au mot (rendu ambigu à force de n’être que le porte-voix d’une rhétorique économique classico-libérale dépassée), mais à l’acte : à leur propagande par le fait. S’ils peuvent faire des intensités affectives le moteur de leur processus, pour quelle raison une autre économie ne pourrait-elle pas faire de même? Une économie qui ne se contente pas de se nourrir des intensités affectives, mais les affirme purement et simplement pour la plus-value de vie qu’elles engendrent. Une économie qui évite de les subsumer brutalement sous les mécanismes de quantification avides de profit qui alimentent l’accumulation capitaliste. Une économie qui économise autrement.
- Ce texte a été traduit par Armelle Chrétien.→
- Antonio Negri, «Vingt thèses sur Marx», Michel Vakaloulis et Jean-Marie Vincent (dir.), Marx après les marxismes, Tome 2, L’Harmattan, 1997.→
- Voir : https://economicspace.agency/→