Tu es difficile à supporter, mais je t’aime bien toi.
—D

Nous sommes privé.es de soin. Privé.es de soin, c’est dire que nous sommes privé.es de vie. Pour la plupart d’entre nous, en tant qu’êtres vivant sous la gouverne d’un État dont l’une des principales fonctions est de faire vivre une population quitte à en faire mourir une partie, nous ne savons pas prendre soin. Nous ne savons pas couper des ongles d’orteils incarnés, ne savons pas faire des injections, ne savons pas nous guérir à partir de notre milieu, accueillir nos aîné.es lorsqu’illes sont considéré.es inaptes. Nous ne savons pas nous mettre en rapport avec la folie en nous. Nous peinons à accueillir la souffrance de l’autre. Le temps nous manque cruellement.

C’est au sein de cette condition qui restreint le fait de mettre sa vie en pratique que nous devons apprendre à rendre indiscernable soin et résistance.

Machine à séparer 

Je marchais en forêt avec une amie médecin. Elle, à qui la société actuelle confère une autorité pratiquement absolue quant au soin, ne savait pas comment nous soigner dans l’éventualité où un accident survenait. Coupée des outils de la médecine moderne, elle se trouvait dépossédée de sa pratique.

Je me souviens d’images qui montraient un itinérant en train d’agoniser sur le quai du métro de Montréal. Des files de personnes défilaient devant lui sans s’en soucier, habituées à ce que ce soit les flics, les ambulancier.ères, les autres qui s’en occupent.

Entre nous et le monde se trouve une multiplicité de médiations organisées par l’État. Celles-ci sont autant de fonctions, de rôles, de procédures à respecter qui nous éloignent d’un accès immédiat à ce qui donne forme à nos vies, à ce qui nous permet de soigner.

Les soignant.es en burn-out ne sont pas uniquement éreinté.es par le temps de travail démentiel qu’illes affrontent, c’est aussi l’impossibilité de pratiquer le soin dans les conditions qui leur sont données qui les accable. La consistance des liens qui soignent n’est pas corrélative au respect d’une norme d’hygiène ministérielle, mais à la capacité d’être-là-avec et de se transformer au gré des rencontres qui affectent.

Faiblesses, une force commune?

J’ai commencé à m’intéresser au soin parce que je ne savais pas comment faire. J’étais dépourvu, largué. Je le suis d’ailleurs toujours. Un ami meurt, un mouvement politique s’éteint, des traumatismes collectifs doivent être affrontés et on ne sait pas comment s’y prendre. Un.e ami.e passe à l’acte et nous nous trouvons, toujours aussi communément, toujours aussi dépourvu.es de moyens, de soutiens.

Ces événements nous permettent néanmoins de nous lier à d’autres. De dégager une attention commune pour ce qui n’apparaît pas concrètement, pour ce qui n’est pas donné, mais toujours en train de se faire : le collectif. Il est à entendre comme un espace de subjectivation, de travail d’élaboration des subjectivités indissociable d’un travail politique visant à transformer les conditions qui nous permettent de donner formes à nos vies, qui permettent une cohabitation entre ces vies.

Penser l’institution ?

J’écris ce texte depuis la clinique de La Borde, établissement issu du mouvement de la psychothérapie institutionnelle, de la résistance aux milieux asilaires, aux modalités concentrationnaires caractéristiques des lieux traditionnels de privation de liberté. Au principe de cette conception du soin se trouve la nécessité de brouiller la distinction soignant.e / soigné.e, aussi bien que la division traditionnelle du travail, des espaces, des rôles et des fonctions qui sont attribués au sein d’un hôpital psychiatrique. On n’y soigne pas une personne partie de la clinique, sans soigner les conditions institutionnelles dans leur ensemble – sans soigner la clinique elle-même donc, tout ce qui s’y joue se jouant de nous1.

Ce n’est pas seulement le psychiatre qui sait ce qui doit advenir de la souffrance d’un.e pensionnaire, mais la personne qui participe au ménage de sa chambre, le cuisinier avec qui elle a partagé une clope, le stagiaire qui fait un peu n’importe quoi, mais apporte tout de même une ouverture nouvelle sur la situation, ses cochambreurs et cochambreuses qui observent les choses depuis une fenêtre privilégiée (pour le meilleur et parfois pour le pire), les moniteurs et les monitrices dont la tâche ne se limite pas à faire des lavements et distribuer des médocs puis rentrer chacun.e chez soi. Leur présence importe tout autant que leurs tâches.2 L’important demeure de porter attention à ce qui tisse le collectif et à ce que ce dernier produit. Animer la dynamique collective d’une clinique, c’est trouver le moyen d’ancrer, ne serait-ce que momentanément, celles et ceux qui peuplent en permettant à la singularité de chacun.e d’émerger. Pour ce faire, concevoir que la relation précède l’être dont il est question est essentiel. C’est aussi se défaire des préjugés qui nuisent à ce qui pourrait se produire, à ce qui pourrait faire événement et donc avoir un impact existentiel.

J’ai été étonné de la confiance qu’on m’a accordée à La Borde. Jamais auparavant on ne m’avait donné si peu de directives. Pourtant, jamais auparavant on ne m’avait ainsi écouté, pris en compte, autant dans des réunions médicales qu’en fumant une clope le matin. Ce faisant, j’accordais moi-même une confiance inédite à celles et à ceux qui croisaient mon chemin. Bien entendu, ce n’est pas dire que je les appréciais tous et toutes, mais c’est arriver à comprendre en quoi illes participaient de quelque chose auquel je contribuais également.

À La Borde, la contrainte ne vient pas d’un redressement arrimé à une bonne hygiène de vie, à des projets, au fait que l’autre soit responsable de lui-même. Plutôt, il s’agit de se rendre communément «responsable de la responsabilité de l’autre»3. Ce minutieux travail éthique implique que ce que nous permettons pour l’autre permet également quelque chose en nous. Il implique l’enveloppement, les nœuds propres au soin et de ne pas se prendre que pour soi, mais d’entendre ce dans quoi nous sommes pris.

Penser l’institution, c’est porter attention à tout ce qui fait sa consistance. À la ceinture perdue d’untel, à la complicité entre deux pensionnaires, à la confiance que telle personne confie à telle autre, au fait qu’untel adore Johnny Halliday, qu’une telle persécute tel autre qui lui se sent persécuté par un autre, que la radio s’adresse à unetelle en même temps qu’à tout le monde, qu’untel sait constamment où est tout le monde et que tel autre passe par un certain endroit, systématiquement, chaque jour. C’est le fait de se rendre disponible à la moindre des choses. Toute une éthique des gestes mineurs reste à élaborer4 puisqu’elle s’avère décisive. Autant lorsqu’un pensionnaire menace de se jeter du troisième étage et qu’il faut trouver la personne avec qui ça passe, que sur le plan quotidien où prêter attention aux potentiels variables que recèlent les gestes. Une éthique des gestes qui importent, donc, parce qu’ils portent tout un réseau de relations qui se dérobe à nous aussitôt que nous n’y prêtons pas la juste entente, suivant la belle expression de Jacques Lacan.

«Brouiller les cartes, laisser se créer la confusion des relations, des gestes, des travaux que l’on partage au dernier moment ou que l’on décide de ne pas faire. Laisser proliférer un espace d’opacité où un regard, qu’il soit clinique ou de surveillance, ne puisse que se perdre hors de l’architecture précise sur laquelle le pouvoir organise la dissection des groupes d’affinités, de hasard, de plaisir, en les pulvérisant sur des places individualisées et constantes5».

Ce brassement perpétuel implique une remise en question permanente des rôles qui nous sont attribués. Pourquoi les pensionnaires, et les médecins, ne feraient-illes pas les lavements? Pourquoi ne conduiraient-illes pas les véhicules de la clinique, ne distribueraient et préparaient-illes pas, eux aussi, les médocs, ne feraient pas le ménage en commun, la cuisine aussi, sans compter que nous pourrions parfois voyager ensemble, participer à différentes activités qui ponctuent le temps de la clinique, les temps de la folie contre le temps fou du système? Le tout afin que personne ne se prenne pour ce que l’on entend et attend normalement de lui-même. «Comment permettre aux schizophrènes de ne pas se prendre pour les rebuts ou les maîtres du monde, si les médecins ou les moniteurs continuent de se prendre pour des savants ou des garants de la norme6»? Le soin implique un travail de déconstruction et de reconstruction de soi par le contact.

La folie de n’importe qui

Pas si fou que ça comme idée… Est-ce qu’on abdiquerait devant sa mise en application parce que les un.es sont fous et les autres mieux payé.es ? Les fous sont différemment folles certes, mais certainement pas plus ou moins fous que les flics qui nous tirent dessus, que les médecins qui se prescrivent de la morphine et tiennent absolument à leur statut, que les étudiant.es qui prennent des médocs pour dormir et des médocs pour se concentrer, que le gestionnaire obsédé par le respect de la norme, que les hommes qui, refusant de se faire l’amour, baisent des femmes pour se baiser entre eux7, etc.

Soigner tout le monde, mais pas n’importe qui. À la suite de Jean Oury, de Gilles Deleuze et de Félix Guattari, penser l’aliénation sociale et l’aliénation psychopathologique me semble le seul point de départ possible pour ne pas parler à l’extérieur de ses souliers8.

Afin de brouiller les fonctions et les rôles que nous sommes censé.es incarner, il est essentiel de pouvoir nous situer puisque «dans la pratique, l’aliénation est souvent méconnue du fait même qu’on est tous pris dedans»9.

Il nous faut créer des zones d’indistinction entre le soin et la teneur même de nos vies, entre le soin et la pratique politique, en se demandant constamment : «Qu’est-ce que je fous là?» selon la fameuse formule d’Oury10. Ne pas prendre les choses pour acquises, mais toujours prêter attention à comment elles sont en train de se faire, se rendre vulnérables à ce qui nous affecte et donc à ce que nous affectons.

Distinguer l’indistinction

Tout ceci n’est pas facile.Tout ceci demande du temps, un temps dont nous ne disposons pas. L’important n’est pas de se dire que ça pourrait être mieux autrement, mais de partir de ce dans quoi nous sommes déjà impliqué.es, d’enquêter sur ce que ça veut dire et d’essayer d’y agir directement afin de faire émerger de la singularité, de trouver de nouvelles armes. Même à La Borde, lieu en quelque sorte mythique, tout est soumis à des attaques, tout est à refaire, à défendre, à fendre chaque jour. C’est, bien entendu, plus périlleux que d’assumer que le soin se passe au boulot, celui des autres ou le nôtre. Attacher soin, lutte et vie crée une situation pratique au sein de laquelle on efface certaines limites pour en créer d’autres, plus mouvantes, plus poreuses, éthiques. C’est là qu’une zone d’indistinction entre soin, pratique et enquête s’élabore, mais ce n’est pas de tout repos. Ainsi, mieux vaut savoir s’y poser.

Soigner et travailler sur soi

Le travail psychiatrique en institution, quelle qu’elle soit, implique un constant travail sur soi puisque «tenir compte de l’autre exige justement de savoir que la relation avec l’autre va dépendre de la place de son propre désir»11. Lors d’une réunion portant sur une pensionnaire difficile, plusieurs personnes agissaient comme si elles voulaient s’en débarrasser. Le poids de la situation contrastait avec la légèreté des soignant.es à balancer cette pensionnaire d’un secteur à l’autre de l’hôpital. Situation étrange, particulièrement compte tenu du fait que cette dernière résidait à la clinique depuis bien plus longtemps que quiconque était habileté à décider de sa future alcôve. Un ami est alors intervenu. Franc, bouillonnant mais respectueux, il a rappelé que le fait de se confronter à ce qui nous dépasse pour se transformer, et ce collectivement, constitue une disposition centrale au soin. Soigner c’est donc également travailler sur soi, être mis en face de ce qui nous échappe, de ce qui est hors de notre contrôle, de ce qui nous fait chier et accepter cette position afin d’entrer en contact. Il s’agit d’accepter de ne plus être que soi et de participer d’un commun paysage. Le soin, si on ne sait jamais trop si ça fonctionne, si ça fait normalement mal, du moins ça travaille. Ça ne détruit pas si on s’y prend bien, mais ça confronte.

Si on ne fait que tolérer quelqu’un.e, on a déjà perdu. Faire avec, c’est bien différent. Ainsi, se demander non seulement qu’est-ce qu’on fout là, mais également ce que celui ou celle avec qui on entre en contact fout là peut s’avérer salvateur pour la situation, peut y apporter un éclairage nouveau. On peut se tromper, c’est même essentiel, mais on n’a pas le choix que d’essayer quelque chose et cet essai passe par l’élaboration d’un bout de commun.

Prendre soin de la lutte : pourquoi ne pas?

Ce mouvement perpétuel se couple inévitablement au fait de s’organiser collectivement pour s’arroger le temps de soigner, le temps de toutes les choses, celui de chaque chose, celui que la valeur homogénéise, ravage, pille, celui duquel nous sommes coupé.es et dont nous devons trouver les moyens, entre-nous, d’habiter. Il y a tant à faire, pourquoi ne pas se demander comment tout ça pourrait être plus agréable tout en étant politiquement incisif? Comment ne plus résister à notre désir sans céder sur lui, en résistant à ce que nous sommes censé.es être?

Comme le formule Dalie Giroux, la valeur détruit les usages, c’est-à-dire nos habiletés à se mettre en rapport avec la matière de nos vies afin de les transformer12. La privatisation de la santé, la restriction du champ dit psychothérapeutique à certaines approches qui visent à redresser un sujet vers sa part jugée rationnelle, le fait que les gens qui ont le droit de prendre soin soient des professionnel.les et non pas n’importe qui, n’importe
où, n’importe quand13, ne sont que quelques éléments qui inscrivent le soin au sein de l’accumulation primitive et processuelle du capitalisme. Ce système produit la figure du travailleur démuni de ses moyens existentiels, de la matérialité même de sa vie. Il s’érige sur la reproduction et la production des rôles que nous sommes censé.es incarner, sur une division sexuelle du travail et une invisibilisation de la quotidienneté du soin. Tout ceci afin que la valeur se réalise en nous, sans même que nous le réalisions.

Se reposséder, c’est arrêter de penser que quelqu’un, et en général quelqu’une, «le fera à notre place». Il nous faut enquêter afin de transformer les conditions mêmes de la vie, ici et maintenant, en s’inspirant de certaines expériences d’ailleurs.

Évidemment, le but n’est pas de copier un modèle qui n’en est pas un, La Borde par exemple. Cette clinique s’est construite à partir de situations historiques et institutionnelles particulières. On ne peut donc en faire un calque et l’appliquer n’importe comment.

L’enquête se doit d’être immédiatement pratique. Elle doit s’engager selon l’exigence même que pose la vie et remettre en question notre pratique politique. Pour ce faire, il faut rompre avec la distance critique et adopter une vulnérabilité créatrice. L’université est peuplée de penseur.es qui bossent cloîtrés dans des bureaux sans se soucier de qui est en train de laver les toilettes. On apprend aux soignant.es à rester distant.es des soigné.es pour conserver les rôles et les fonctions de chacun.e. On apprend aussi que c’est aux autres de prendre soin, aux professionnel.les, homologué.es par l’État, aux femmes. Nous devons nous rendre communément aptes à ce que l’autre nous renvoie une image de nous-mêmes où nous ne nous reconnaissons plus14. Nous rendre aptes à habiter une absolue proximité dans la distance : «Avoir le Il pour être. Le lointain est là, dans sa césure, au plus proche15». Se prendre au sérieux pour se déprendre de soi et ébranler ce que nous considérons comme étant révolutionnaire.

Carte postale du château de la Borde.

  1. Cette clinique psychiatrique a été fondée en 1953, entre autres par Jean Oury. Elle s’appuie sur un principe de libre circulation des pensionnaires, qui peuvent se balader plus ou moins où illes le souhaitent. Illes ne sont pas regroupé.es par pathologies, partagent certaines responsabilités avec les soignant.es. Au sein de cette clinique règne une certaine précarité des statuts, des rôles des fonctions. Les uniformes y sont d’ailleurs absents. Le Club de la clinique gère une partie des affaires courantes et toutes les personnes s’identifiant comme labordien.nes peuvent s’y exprimer. Il agit donc à titre de tiers et permet de brouiller certaines distinctions normalement acceptées comme allant de soi. La psychothérapie institutionnelle a été fondée par de nombreux psychiatres aux affinités psychanalytiques au nombre desquels se trouvent entre autres François Tosquelles et Jean Oury. http://www.clubdelaborde.com/
  2. C’est d’ailleurs afin de brouiller la distinction entre les différents fonctions et rôles vers lesquels un statut particulier est censé mener qu’on nomme moniteur et monitrice autant les infirmier.ères, les psychologues, les philosophes, les éducateurs et éducatrices, et autres, qui animent la clinique. Si une hiérarchie existe bel et bien au sein de la clinique, il s’agit d’une hiérarchie horizontale comme le nommaient, entre autres, Jean Oury et Félix Guattari. Cette hiérarchie permet une certaine hétérogénéité, une certaine logique des espaces, des fonctions, des rôles et des statuts qui rendent possibles différentes manières d’aborder des problèmes, différents points d’entrées sur des situations. Ainsi, une certaine importance est associée à la hiérarchie, mais pour ce qu’elle rend possible, non pas pour elle-même ou pour une soi-disant efficacité ou distinction.
  3. Jean Oury, L’aliénation, Éditions Galilée, Paris, 1992, p.147
  4. En ce sens, voir, entre autres : Erin Manning, The Minor Gesture, Duke University Press, Bogart, 2016, et Fernand Deligny, Lettres à un travailleur social, L’arachnéen, Paris, 2017.
  5. Jean-Claude Polack, Danielle Sabourin, La Borde ou le droit à la folie, Paris, Calmann-Lévy, 1976, p. 79-80.
  6. Jean-Claude Polack, «La Borde en son temps», cité dans Valentin Schaepelynck, L’institution renversée, Paris, Association Culturelle Eterotopia France, 2018, p. 28
  7. Selon l’expression d’une amie.
  8. Voir, entre autres : Félix Guattari, Psychanalyse et transversalité, Éditions La Découverte, Paris, 2003. Jean Oury, op. cit., 1992. ; Gilles Deleuze, Félix Guat- tari, L’Anti-Œdipe, Capitalisme et schizophrénie 1, Éditions de Minuit, Paris, 1972 /1973.
  9. Jean Oury, op. cit., p. 84
  10. «J’en suis venu à faire une “réduction radicale” à un principe de base que vous connaissez bien maintenant : “Qu’est-ce que je fous là?’’ Qu’est-ce que ça veut dire, “être-là’’ ? Se poser la question jusqu’à en être écœuré… C’est une réduction phénoménologique poussée à l’extrême ; ce n’est pas une réduction cartésienne ou une réduction eidétique, c’est une réduction jusqu’à l’étrangeté. Mais il ne faut pas y rester parce que, à ce moment-là, ça devient inefficace, et c’est idiot ; il faut qu’il y ait de temps en temps une pointe d’un dixième de seconde – ça suffit» (Jean Oury, op. cit., p. 145).
  11. Jean Oury, Création et schizophrénie, Éditions Galilée, Paris, 1989, p. 75
  12. Sur la notion d’usage en rapport avec la déconstruction du sujet, voir Giorgio Agamben, L’usage des corps, Éditions du Seuil, Paris, 2015.
  13. Ce qui ne veut évidemment pas dire que des lieux de soin ne peuvent pas s’organiser dans l’objectif spécifique de soigner.
  14. Selon la formule plus ou moins détournée d’Eduardo Viveiros de Castro dans Métaphysiques cannibales, Presses Universitaires de France, Paris, 2009, p. 5
  15. Jean Oury, Il, donc, Union Générale d’Éditions, Paris, 1978, p. 8